Les trois films de Gaëlle Boucand — JJA, Changement de décor, JA — dressent un portrait protéiforme d’un personnage ambivalent, emblématique du XXe siècle. Enfant juif caché en France pendant la Seconde Guerre mondiale, JJA (ce sont ses initiales) a petit à petit gravi les échelons (selon l’une de ses formules), de vendeur de chaussures dans les Alpes à la sortie de la guerre jusqu’à devenir gérant de fortune et s’exiler en Suisse où il vit depuis vingt-cinq ans, dans une grande villa qu’il a lui-même baptisée Rosebud. À partir de cette trilogie, la présente édition réunit différents types de textes et de documents, apportant une pluralité d’interprétations et de perspectives sur les films, leur protagoniste et son histoire. Cette diversité des points de vue et des pratiques convoquées (de critiques, d’écrivain·e·s, de journalistes, d’artistes) produit une contamination entre les récits, des plus factuels aux plus spéculatifs. En prolongeant le geste initié par les films, cet ensemble kaléidoscopique vient ainsi diffracter encore davantage « ce portrait en mille morceaux ».